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samedi 11 mai 2024

ESPRIT, ÉTHER, LUMIÈRE, MATIÈRE


Le livre intitulé LE MANTEAU D'ÉLIE: KABBALE & CORPS GLORIEUX (202 pages en petit format) a fait l'objet d'une réédition largement augmentée dans un format plus grand de 294 pages et sous le simple titre de LE MANTEAU D'ÉLIE. Il est accompagné de la première traduction française du petit traité de Rabbi Joseph ben Abraham ibn Gikatilla (1248-1325), intitulé indifféremment Sod haḤashmal סוד החשמל, « Le Secret du Ḥashmal » ou Sefer haḤashmal ספר החשמל, « Le Livre du Ḥashmal ». On peut le commander sur Amazon.

Voici un court extrait de ce livre. Il montre comment la kabbale médiévale espagnole envisage la genèse de la physicalité dans l'Esprit :

dimanche 2 octobre 2022

UN USAGE OUBLIÉ

Dale Pendell, Pharmakognosis
   
Dans une tradition orale qui interdisait de consigner par écrit certains enseignements, la mémoire jouait un rôle primordial. Il existe d’ailleurs en kabbale certains rituels magiques destinés au développement de la mémoire, ainsi que des traités entièrement consacrés à ce sujet comme par exemple le Lev haAryeh. Des initiations magiques spéciales, pendant juif de l’Ars Notoria plutôt que du seul Ars Memoriae, sont destinées à développer chez le récipiendaire une mémoire et une compréhension prodigieuses, l'intégration presque instantanée de toute discipline. 

samedi 26 mars 2022

SILENCE-PARLANT & LOGOS-PHUSIS

Rafal Olbinski
    Mon ami, les prêtres du temple de Zeus, à Dodone, ont affirmé que c’est d’un chêne que sortirent les premières paroles divinatoires. Les gens de ce temps-là, qui n’étaient pas savants comme vous, jeunes gens, écoutaient fort bien dans leur simplicité un chêne ou une pierre, si le chêne ou la pierre disaient la vérité.
 (Socrate)

jeudi 24 mars 2022

LES INCAS & LA TRADITION PRIMORDIALE

    LE DOMAINE DES PRATIQUES religieuses précolombiennes d’Amérique centrale et du Sud est sans doute celui où l’anarchisme épistémologique des écoles traditionaliste et pérennialiste apparaît avec le plus de clarté. La manière dont les patrimoines des indiens d’Amérique du Nord furent phagocytés et déformés par un personnage tel que Frithjof Schuon est désormais bien connue et je n’y reviendrai donc pas. Je limiterai ici mon propos au seul cadre des cultures andines qui, étant initialement moins documentées que les croyances religieuses mésoaméricaines, permettent toutes sortes d'improvisations. René Guénon a peu écrit sur ces cultures. Ce n'est toutefois pas le cas de ceux qui se réclameront de sa pensée. S’appuyant sur quelques travaux de la mouvance guénonienne, cet article montre la façon dont sont utilisées les données des chroniqueurs du XVIème et du XVIIème siècles pour soutenir la thèse d’une tradition primordiale sous-jacente aux anciennes pratiques du monde andin.

lundi 20 octobre 2014

SEMÉ EN TERRE


      Autrefois, les personnages importants, les mallkus de la communauté aymara ainsi que leur famille, étaient momifiés et ensevelis en position fœtale. La sépulture variait selon les localités. Le corps était simplement mis en terre ou placé dans une cavité que l'on murait. On pouvait aussi construire un mausolée en forme cubique, ou encore une tour. Les sépultures aymara portent le nom de chullpas. Ce sont des lieux sacrés pour ce peuple gérontocrate, adepte d'une necrolâtrie aux expressions variées, dont la toute première est, bien entendu, le culte des ancêtres. Pour les aymara, les morts ne meurent jamais. Ils changent d'état mais continuent de faire partie de la communauté et d'y intervenir, parfaitement intégrés au pacha, à l'environnement vital et spirituel indigène. La frontière entre leur monde et celui des vivants n'est donc pas un gouffre, elle est beaucoup plus souple que ce que nous autres, occidentaux, pouvons imaginer.

dimanche 11 janvier 2009

TRINITÉ & KABBALE

 

Voir le texte hébreu

    Trinité dans l'Alphabet de Rabbi Akiva ? Comparons :

« 𝑂̂ 𝐷𝑖𝑒𝑢 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑎𝑑𝑚𝑖𝑟𝑎𝑏𝑙𝑒, 𝑞𝑢𝑖 𝑛'𝑒𝑠 𝑛𝑖 𝑢𝑛 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑠𝑖𝑛𝑔𝑢𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑛𝑖 𝑢𝑛 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑖𝑒𝑙, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑢𝑛𝑖𝑡𝑟𝑖𝑛𝑒 𝑒𝑡 𝑡𝑟𝑖𝑢𝑛, 𝑎𝑢-𝑑𝑒𝑙𝑎̀ 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑠𝑖𝑛𝑔𝑢𝑙𝑎𝑟𝑖𝑡𝑒́ ! 𝐽𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑚𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑃𝑎𝑟𝑎𝑑𝑖𝑠, 𝑜𝑢̀ 𝑡𝑢 𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑛 𝐷𝑖𝑒𝑢, 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑐𝑜𝑖̈𝑛𝑐𝑖𝑑𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑎 𝑠𝑖𝑛𝑔𝑢𝑙𝑎𝑟𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑢 ℎ𝑎𝑏𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑙𝑜𝑖𝑛 𝑎𝑢-𝑑𝑒𝑙𝑎̀. 𝐸𝑛𝑠𝑒𝑖𝑔𝑛𝑒-𝑚𝑜𝑖, 𝑆𝑒𝑖𝑔𝑛𝑒𝑢𝑟, 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑗𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑥 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑝𝑜𝑠𝑠𝑖𝑏𝑙𝑒 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑛𝑒́𝑐𝑒𝑠𝑠𝑎𝑖𝑟𝑒. 𝐶𝑎𝑟 𝑖𝑙 𝑚'𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑎𝑖̂𝑡 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠𝑠𝑖𝑏𝑙𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠, 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠𝑞𝑢𝑒𝑙𝑠 𝑗𝑒 𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑥 𝑡𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑙'𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟 𝑝𝑎𝑟𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑒𝑡 𝑛𝑎𝑡𝑢𝑟𝑒𝑙, 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒. 𝑆𝑖 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢'𝑢𝑛 𝑑𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑢𝑛, 𝑢𝑛, 𝑖𝑙 𝑑𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑜𝑖𝑠, 𝑖𝑙 𝑛𝑒 𝑑𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑢𝑛, 𝑒𝑡 𝑖𝑙 𝑑𝑖𝑡 𝑐𝑒𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑜𝑖𝑠. 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑖𝑙 𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑑𝑖𝑟𝑒 𝑢𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑜𝑖𝑠 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠, 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑠'𝑖𝑙 𝑛𝑒 𝑑𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠. 𝐶𝑎𝑟 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑖𝑙 𝑑𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑜𝑖𝑠, 𝑖𝑙 𝑑𝑖𝑡 𝑙𝑎 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒 𝑒𝑡 𝑖𝑙 𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑡𝑒 𝑝𝑎𝑠. 𝐶𝑜𝑚𝑝𝑡𝑒𝑟, 𝑒𝑛 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑡, 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑎𝑙𝑡𝑒́𝑟𝑒𝑟 𝑙'𝑢𝑛, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑟𝑒́𝑝𝑒́𝑡𝑒𝑟 𝑙'𝑢𝑛 𝑒𝑡 𝑙'𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑜𝑖𝑠, 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑙𝑢𝑟𝑖𝑓𝑖𝑒𝑟 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒. » (Nicolas de Cues, 𝐷𝑒 𝑉𝑖𝑠𝑖𝑜𝑛𝑒 𝐷𝑒𝑖 17:74)

samedi 6 décembre 2008

KABBALE DE LA RÉVOLUTION

EXTRAITS de CAIN et ABEL, la Kabbale de la Révolution, de la lettre ZAIN et du chiffre 7, par Emmanuel LEVYNE, éditions Tsedek, 1985.

Mort dans la misère en 1989, Emmanuel Levyne forma à la kabbale des gens comme A-D. GRAD ou Annick de Souzenelle. Il évolua toute sa vie hors des circuits de l'ésotérisme errant, et fut un kabbaliste discret, auteur néanmoins d'une dizaine d'ouvrages.
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Le ZAIN signifie les armes de guerre : l'épée aiguisée et la lance de combat. (Zohar I, 3a)
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Cette lettre désigne le bâton divin que Moise tenait dans ses mains et avec lequel il a opéré les miracles et les prodiges qui ont changé les lois naturelles. La forme du ZAIN ressemble à celle d'un bâton (Rabbi David Ben Zimra).
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Le ZAIN, selon le calcul antique, a la valeur numérique du mot KOAH, heth-kaph soit 28, car elle est la force et la puissance qui permettent de triompher des princes des nations en bas et en haut et de détruire leurs organisations (Rabbi David Ben Zimra)
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Le mot ZAIN signifie "arme de guerre". Même racine que CAIN = 100-10-700 = "lance" = nom du meurtrier d'Abel, le berger.

Le 1 et le 7 sont consubstantiels. Le 7 est destruction des réalisations. Le 7 sauvegarde tous les possibles créateurs, toutes les possibilités de création ; il perpétue l'acte créateur en détruisant ses produits, ses oeuvres qui ont fait leur temps. Sans le 7, l'acte créateur, le Aleph, s'objective, s'enlise et s'enterre ; il périt. Par le 7, il se libère, se dégage, se renouvelle : il ressuscite. Le zain est la source intarissable du aleph. Le zain est l'outil et l'arme de l'etre créateur, il est le protecteur du aleph : dans la disposition de ses nombres (7-10-700), le 1 est flanqué de deux 7, ses gardes du corps. " L'Éternel dit, si quelqu'un tuait Cain, Cain serait vengé 7 fois. Et l'Éternel mit un signe sur Cain pour que quiconque le trouverait ne le tuât point " (Gen. IV:15). Ce signe, cette lettre, c'est évidemment le ZAIN. Sans le 7, le aleph finirait par tomber entre les mains du 8 qui le fait périr et l'enterre.
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AIN = 1-7-700 signifie Rien, Néant.

1 est construction, 7 est destruction.

1 est l'acte créateur ; 7 est la destruction des choses achevées, afin de sauvegarder et de perpétuer l'acte créateur. Le 7 sauve et libère le pouvoir créateur enfermé et emprisonné dans les objets créés, il ranime le feu créateur de vie refroidi dans les formes ; le 7 ressuscite le 1. Mais on ne peut dissocier dans le temps l'acte créateur et l'acte destructeur, le commencement et la fin : ces deux mouvements sont simultanés, ils n'en forment qu'un. L'ACTE CRÉATEUR EST UN ACTE ESCHATOLOGIQUE. Cette pensée de Berdiaev est l'expression parfaite du sens kabbalistique de AIN, le rien et le néant en hébreu.

AIN = 1-70-700 = Acte créateur pur et néantisant = CAIN = 100-10-700 = ZAIN

Cain est l'homme qui tue le berger, lequel domestique les créatures libres en vue de les exploiter et de les sacrifier.

Cain est un loup pour les pasteurs et leurs chiens, et un sauveur pour les brebis ; Cain est un méchant aux yeux du monde, des puissants, de la bourgeoisie, mais un juste aux yeux des pauvres et des faibles.

Cain est destruction du monde d'injustice et création de la terre nouvelle et des cieux nouveaux.

Cain est destructeur de l'Empire de César et constructeur du Royaume de Dieu.
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L'histoire de Cain est un test.

Qui le juge et le condamne est de ce monde - il est un berger et un boucher.

Qui le comprend est de l'Eternel et d'Israel - un révolutionnaire et un libérateur.

Il est remarquable que dans AIN comme dans CAIN, le 1 précède le 7. C'est l'acte créateur lui-même qui "tue" et qui "détruit". Cain ne commet pas de geste criminel prémédité ; c'est son acte créateur qui élimine de lui-même tout ce qui entrave la liberté et la spontanéité créatrices. L'acte créateur juge et condamne par l'acte créateur ses ennemis. La justice de l'acte créateur est dans l'acte créateur lui-même. L'homme créateur ne peut se débarrasser de ses adversaires qu'en intensifiant son activité créatrice. Voici une citation de Berdiaev qui aidera à bien comprendre ce processus :

" Dieu ne jugera jamais l'univers et l'humanité, mais l'aveuglante lumière divine transperce l'homme et l'univers. Et le jour du royaume, cette irradiation ne sera plus simplement clarté, mais feu calcinant et purificateur (...) Et cette purification conduira à la transfiguration de l'univers, vers les nouveaux cieux et la nouvelle terre "
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" Je me reconnais "bandit" plutôt que "berger". Je ne dirai jamais qu'un homme transgressant la loi générale est un malheureux réprouvé. Mais je dirai plutôt que c'est le gardien de la morale obligatoire qui est un homme immoral, un candidat à l'enfer, tandis que celui que la morale obligatoire rejette est un homme moral accomplissant son devoir sacré de hors-la-loi " (Nicolas Berdiaev)

" Tout acte créateur comporte la fin du monde, de la nécessité et de la servitude " (idem)

" L'acte créateur est un acte eschatologique orienté vers la fin du monde " (idem)
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L'homme en lequel s'incarne et vit le Aleph est voué à être un assassin et un destructeur de la société, du "monde", un 7. Le 1 et le 7 sont indissolublement liés comme la face et le dos. Le 1 séparé du 7 n'est qu'une belle image, une abstraction, un idéal, une fiction. Le royaume du aleph ne peut s'établir dans ce monde sans le détruire ; sa venue ne peut etre qu'une apocalypse. Le doux Jésus, l'innocent agneau disait à vrai dire : " Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; non je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée " (Mat. X:34). " Je suis venu apporter le feu sur la terre et que désirè-je, si ce n'est qu'il s'allume ? " (Luc XII:49).
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" La joie de la destruction est en même temps une joie créatrice " (Bakounine)

" La négation porte le principe créateur de l'esprit." (idem)

" Je cherche Dieu dans la révolution " (idem)

" L'énergie de la contradiction qui embrasse toute chose tient justement de l'incessante auto-combustion du positif sur le feu négatif " (idem)
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En hébreu, les mots "Dieu" et "Négation" sont formés des mêmes lettres : A-L et L-A, dont les valeurs numériques 1-30 et 30-1 désignent d'après la kabbale existentielle le mouvement créateur. En hébreu ésotérique, les termes Dieu-Négation-Acte créateur sont synonymes. A-L (négation) peut aussi se lire Ael, "Dieu". A la même racine numérique que A-L et L-A (Dieu et Négation) appartient A-CH (feu) dont la valeur numérique est 1-300. Dieu est un feu créateur et l'homme qui est animé par ce feu créateur est divin, il s'appelle en hébreu A-I-CH dont la valeur numérique est 1-10-300, donc même racine que les mots Feu-Dieu. Il est écrit en toutes lettres dans la Bible que Dieu est un Feu dévorant. La chaleur de l'humain et du divin ne se dégage que dans la contestation et le refus de la nécessité naturelle et de l'ordre social - de la loi - dans la création et la révolution spirituelle.
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" Il y a des époques dans la vie de l'Humanité où la nécessité d'une secousse formidable, d'un cataclysme qui viendra remuer la société jusque dans ses entrailles, s'impose sous tous les rapports à la fois. A ces époques, tout homme de coeur commence à se dire que les choses ne peuvent plus marcher ainsi ; qu'il faut de grands évènements qui viennent rompre brusquement le fil de l'histoire, jeter l'Humanité hors de l'ornière où elle s'est embourbée et la lancer dans des voies nouvelles, vers l'inconnu, à la recherche de l'idéal... " (P. Kropotkine)

jeudi 5 juin 2008

VÉRITÉ ET MENSONGE

Voir le texte hébreu

     COMMENTAIRE : Intemporelle, la vérité est la même au début, au milieu et à la fin ; tandis que le règne désordonné du mensonge ne dure qu’un temps… proche de la fin d’ailleurs. Des maîtres tels que Naḥman de Breslev ou Menaḥem Mendel de Kotzk ont insisté sur la claudication du mensonge, puisqu’en effet celui-ci ne se tient que sur le pied du qof ק. Un proverbe hébreu dit : השקר צולע ha-sheker tsoléâ, « le mensonge est boiteux ».

    Bien qu’immense et abyssale, la différence entre le 'mensonge' sheker שקר (600) et la 'vérité' emet (441) אמת est à première vue infime ! C’est d’ailleurs pour cela qu’il est si facile de nous induire en erreur : 600-441 donnent 159, valeur numérique de katan קטן, « petit ».

    Mais il y a toutefois petitesse et petitesse. L’une des phrases les plus énigmatiques de l’œuvre de Calderón de la Barca nous dit : el mayor bien es pequeño, « le plus grand bien est petit ». C’est pourquoi העולם הבא, « haÔlam haBa », « le monde à venir » promis par l’Alphabet de Rabbi Akiva à qui se tient dans la vérité, a également pour valeur numérique 159. Et c’est bien là le bien majeur.

mercredi 28 mai 2008

BALDAQUIN DES LETTRES


(...) Archétype du feu, le SHIN (300) indique graphiquement le ternaire et reprend donc ce que symbolisent le GUIMEL (3) et le lamed (30), à différents niveaux. Les trois lettres ensemble forment le mot SHAGAL (333) - lamed-guimel-shin - qui signifie cohabiter, vivre ensemble, au sens de former un couple. Étant donné que GAL - lamed-guimel - est la vague et que SHEL - lamed-shin - indique l'appartenance, de, on peut pressentir dans la langue hébraïque qu'aimer, s'accoupler au sens mystique, signifie participer à la vague, contribuer au mouvement cosmique, s'unir pour toucher l'énergie primordiale. De tous les noms que la Bible donne à l'homme, le plus pertinent, au regard de ce processus d'échange et de fusion d'énergie, est celui de ISH, qui apparaît pour la première fois dans Génèse II:23 : "Adam dit alors : celle-ci est maintenant os de mes os et chair de ma chair ; on l'appellera femelle (ISHA - he-shin-aleph) parce que de l'homme (ISH - shin-iod-aleph) elle fut prise". Pour respecter l'atmosphère qu'il dégage dans l'esprit des Ecritures, le mot femelle, ISHA, devrait plutôt être rendu par Hommesse.

La cohabitation, le fait d'habiter ensemble ne vise pas uniquement la reproduction, mais aussi un retour à l'état androgyne des commencements du monde, lequel état semble tellement lié au langage - puisque Ève apparaît dés lors qu'Adam ne peut " se nommer lui-même " - et au monde des images et des reflets. Héliodore, un oniromancien de grande réputation dans l'antiquité disait que "Lorsqu'un homme rêve d'un miroir cela signifie femme. Et lorsqu'une femme rêve d'un miroir c'est qu'il s'agit d'un homme". Pour la kabbale, cette relation spéculaire est soulignée par la racine ignée dont participent aussi bien le mâle que la femelle. En effet, le SHIN enseigne que le feu, ESH, shin-aleph, attirant les sexes l'un vers l'autre, est dûment équilibré par le IOD et le HE, lettres qui, selon le ZOHAR sont "le père et la mère". HE est dans ISHA et IOD est dans ISH. Or, de l'union de ces deux lettres (10 + 5 = 15 ; 1 + 5 = 6 ) naît le VAV (6) qui est logiquement "le fils", troisième lettre du Nom Ineffable. C'est en vue de signifier l'action de ce feu que SARAI et ABRAM changent de nom pour devenir SARA et ABRAHAM, par le jeu du IOD et du HE. Ce qui est remarquable, c'est que l'Ecriture est tellement imprégnée de ce mystère qu'elle l'applique aussi à la relation singulière de David et Jonathan. Pour ces deux-là, la Bible n'aurait pas utilisé le mot AHAVA (amour) si elle n'avait pas voulu signaler que leur pacte était de même nature, par exemple, que le lien entre YACOB et RACHEL. A ce titre les commentaires de Hayim Yossef David Azoulai, l'un des grands kabbalistes du XVIIIème siècle, ont quelque chose d'unique. Ils expliquent comment un IOD est ajouté au nom de DAVID et un HE au nom de JONATHAN. On retrouve ici les deux lettres sexuantes par lesquelles furent changés les noms de SARAI et ABRAM. Pour quelle raison ? "Elles sont équivalentes aux deux lettres qui se trouvent dans la désignation de l'homme et de la femme. Chez ces deux viennent la virilité et la féminité, ce qui donne une dimension plus grande à leur relation" (Roch David, HYDA). David et Jonathan s'aiment. Un Grand Troisième les unit. Entre les deux, les Ecritures reconnaîssent une alliance : "Jonathan fit un pacte avec David, car il l'aimait" (1 Samuel XVIII:1). Et ensuite vient cette erreur de traduction, ou plutôt cette manipulation qui occulte le texte : lorsque David se marie avec la soeur de Jonathan, le père de Jonathan ne lui dit pas : "Pour la seconde fois je vais te donner l'occasion d'être mon gendre" mais : "Tu seras mon gendre pour la seconde fois". La premère fois, c'était grace au pacte conclu avec JONATHAN : "L'âme de JONATHAN s'attacha à celle de DAVID et JONATHAN l'aima comme lui-même" (XVIII:1). "Au nom de D° nous nous sommes juré l'un à l'autre, qu'Il sera entre nous" (1 Samuel XX : 42). (...)

HE est dans ISHA et IOD est dans ISH. Mais ISH, et dans ce cas ISHA, est également le nom de la créature mystérieuse qui lutte contre JACOB, le blesse au talon et finalement change le nom de JACOB pour celui d'ISRAEL. Le SHIN placé entre le IOD et le ALEPH fait-il allusion à l'état angélique dont tout homme et toute femme participe ? Au fragment 46 du BAHIR il est écrit : "Son "grand feu" est sur toute la terre. Il engendre une voix". Il s'agit bien sûr du 'HASHMAL, qui est le feu du silence parlant. Le kabbaliste déduit de ce passage du BAHIR que toute voix vient du ciel, ainsi qu'il est dit : "Depuis le haut des cieux il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire, et sur la terre il t'a fait voir un grand feu, et ses paroles, tu les as entendues au milieu du feu" (Deut. IV:36). Le rapport de la langue et du feu réapparaît plus tard avec la venue de l'Esprit, dans les Actes des Apôtres II : 32 : "Et des langues de feu leur apparurent..." Ainsi s'établit le rapport du feu et de l'esprit au travers du langage, qui, comme mentionné au début de nos études sur les lettres, lie les chromosomes par moitié semblable, ainsi que l'homme et la femme.

L'échange d'énergie entre les sexes, dynamisé par le SHIN, se transforme par médiation du principe venant du RESH en un chant ou cantique d'amour : SHIR. De la tête, ROSH, shin-aleph-resh, aux pieds, REGUEL, lamed, guimel-resh, la vague, GAL, lamed-guimel, éveille le feu sous-jacent à l'esprit, cet ESH, shin-aleph, qui anime et active chacun de nos humides neurones.

Aucune intelligence SECHEL, lamed-kaph-shin n'atteint le Tout, COL, lamed-kaph, sans ce contact de l'autre. Il est nécessaire qu'ait lieu la transfusion, le croisement, SICHEL, lamed-kaph-shin d'un être à l'autre, de sorte que le miracle du il y a, IESH, shin-iod - par un effet de miroir - se produise, tel un cadeau, SHAI, iod-shin. Car telle est la contribution du point originel tournant à l'intérieur de nos têtes, comme une particule sur le point d'accoucher d'une étoile.

Parvenu au climax, à la hauteur la plus folle de l'orgasme, retour à l'instant primordial qui a vu la décision de créer l'être humain, on retrouve l'indétermination androgynale qui convertit l'homme, ISH, shin-iod-aleph en SI, aleph-iod-shin, qui s'écrit exactement en sens inverse et signifie l'orgasme de l'union.(...) La compréhension de cet érotisme apparut dans la kabbale à l'époque du Zohar, c'est-à-dire en Espagne et dés le XIème siècle. Mais il était présent de longue date dans la langue hébraïque. Un concept tel que celui du couple, ZUG, guimel-vav-zain, évolue du Talmud à la Kabbale pour se convertir en ZIVUG, guimel-vav-vav-zain, ou accouplement céleste et mystique au moyen duquel, dit-on, les âmes des couples sont choisies et sexuées par D° quelques quarante jours avant la naissance. Ce concept montre une sensibilité à la structure binaire et miraculeuse du langage, manifestée tout d'abord par le ZAIN qui, en hébreu moderne, a une nette connotation sexuelle et révolutionnaire - en hébreu argotique de Jérusalem, ZAIN est une désignation vulgaire du sexe masculin, la queue - et ensuite par le VAV qui, paraissant deux fois, dénote précisément cette dualité - copulative et conversive à la fois - et sa transcendance dans l'acte amoureux.

Une fois de plus je parle du langage et de l'union. C'est que, privés de leur terre, éloignés et continuellement vilipendés, où les juifs pouvaient-ils se libérer de leur charge érotique si ce n'est dans la fantaisie biblique, dans le délire interprétatif, dans la LASHON HAKODESH ou langue sacrée ? Il suffit d'un simple détail guématrique pour s'en convaincre, puisque la valeur numérique de l'accouplement est, ZIVUG = 7+6+6+3 = 22, qui comme chacun sait est le nombre de lettres composant l'alphabet hébraïque. De là l'intuition que si l'union est véritable, si elle touche la zone véritablement profonde du Soi, elle peut permettre d'accéder, par des circonstances passagères, au monde de la Création continue. En assemblant une autre fois la totalité des symboles de l'alphabet, le couple découvre, entre hurlements et soupirs, dans les silences d'une éloquente obscurité, la vibration des syllabes primordiales, le battement intra-utérin d'un cosmos sur le point de s'ordonner, la naissance de nouveaux équateurs et de pôles changés. C'est alors que chaque corps révèle son sens dans l'autre et qu'ensemble ils tissent, dans le baldaquin des lettres, moitié à moitié (11+11), des créatures encore vierges de visage, des segments d'autres vies. Dans toute jouissance, il y a quelque chose de la Genèse et de l'Apocalypse, raison pour laquelle, quand arrive le vendredi et que la lune est pleine, les amants initient de nouveau leur fabuleux rite verbal. Mais le vendredi peut être n'importe quel jour, si au vendredi l'on est déjà parvenu, si la langue quotidienne se tend, telle la corde d'un instrument double et magnifique. Alors sonne la musique des sphères.

(...) Comment les juifs pouvaient-ils oublier qu'Adam faisant l'amour avec Eve, il la connut YADA également ? A l'instar du monde juif, l'alliance de l'amour et de la connaissance était tout autant célébrée dans les temples méridionaux des dévôts d'Astarte et de Cybèle. Dans ces temples, les hiérodules ou prostituées sacrées enseignaient aux néophytes les arts de l'amour. Et cette fonction fut signifiée dans la Bible sous l'épithète de KEDESHA, qui veut dire "femme publique". De tels antécédents expliqueraient le rapport de Shabtai Zvi et de Sara, au XVIIème siècle, et les "excès" auxquels se livrèrent les franckistes au plus fort de leur gloire. L'amour est toujours ce dangereux pendule excédant son propre mouvement, là où le sexe MIN, noun-iod-mem, peut devenir sommeil NIM, meme-iod-noun. Encore une fois Nuit et Jour dansent l'alternance de leurs fonctions, la tragédie merveilleuse et horrible de leur alliance instantanée et de leur éphémère identité.

(...) Être avec quelqu'un, dans quelqu'un, ensemble ETZEL, lamed-tsade-aleph, sous la gouverne du Aleph phosphorescent, c'est devenir ombre, pénétrer la projection de nos limites dans l'espace et l'illuminer, se l'approprier par l'effet de l'orgasme. ETZEL est aussi présent dans le mot ATZILUTH, qui est Ombre de Tout. TZEL, lamed-tsade ou l'ombre, n'est donc pas conséquence de la lumière, mais support d'icelle.

(...) Traditionnellement c'est la femme qui garde, impassible et humide comme son ovule intérieur. L'homme, en revanche, lance ses flèches sans nombre vers une cible microscopique dont il ne sait rien par son corps, ignorant sa structure. Ici, l'homme est visible ; là, la femme est inatteignable. De la semence ou ZERA, ayin-resh-zain, au voyage vers l'ovule ou BEITZA, he-tsade-iod-bet, la valeur numérique du premier est réductible à 7, dont l'équivalent alphabétique est le ZAIN, la valeur numérique du second est réductible à 8, dont la correspondance dans l'alphabet est HETH. En se touchant dans la fécondation, les deux créent le mot ZAH, heth-zain, qui veut dire se mouvoir. N'est-ce point par ce mouvement premier que commence la danse du monde, lorsque la nôtre cesse, extraordinaire primum mobile qui, d'Aristote aux inventeurs de la Renaissance, est alternativement mythe et parabole, question continuelle et réponse insoluble ?

(...) Cependant, chez les kabbalistes, juifs ou chrétiens, les unions tendent toujours vers la transcendance et la sublimation de la relation. ISH a en commun avec ISHA les lettres ALEPH et SHIN. Ajouté à cette racine, le IOD fait l'homme et le HE fait la femme. Si nous additionnons les valeurs numériques de ISH et de ISHA, nous obtenons le nombre 14, qui, en lettres, est YAD, daleth-iod, dont le sens veut dire main, mais que l'on retrouve dans YADA, l'acte de connaissance qui lie Adam et Eve. C'est toujours la main qu'on touche en premier, toujours la main qu'on donne ou qu'on demande afin de vivre ensemble et de former le couple.

[Extraits du Cursillo de Kábala, Centro de Estudios Hierosóficos, Córdoba, 1982]