Autrefois, les personnages importants, les mallkus de la communauté aymara ainsi que leur famille, étaient momifiés et ensevelis en position fœtale. La sépulture variait selon les localités. Le corps était simplement mis en terre ou placé dans une cavité que l'on murait. On pouvait aussi construire un mausolée en forme cubique, ou encore une tour. Les sépultures aymara portent le nom de chullpas. Ce sont des lieux sacrés pour ce peuple gérontocrate, adepte d'une necrolâtrie aux expressions variées, dont la toute première est, bien entendu, le culte des ancêtres. Pour les aymara, les morts ne meurent jamais. Ils changent d'état mais continuent de faire partie de la communauté et d'y intervenir, parfaitement intégrés au pacha, à l'environnement vital et spirituel indigène. La frontière entre leur monde et celui des vivants n'est donc pas un gouffre, elle est beaucoup plus souple que ce que nous autres, occidentaux, pouvons imaginer.
On attribue aux lieux de sépulture bien des pouvoirs, mais on redoute aussi les maladies de l'âme qu'ils provoquent, au moindre signe d’irrévérence. Leur symbolisme indique généralement que la mort est un retour à la Mère, au ventre de la Terre. Par conséquent, la mort est aussi une naissance, raison pour laquelle la petite porte par laquelle on accède à l'intérieur des chullpas est orientée vers le soleil levant. Le corps du défunt est considéré comme une graine plantée en terre, un sperme, un être séminal.
On attribue aux lieux de sépulture bien des pouvoirs, mais on redoute aussi les maladies de l'âme qu'ils provoquent, au moindre signe d’irrévérence. Leur symbolisme indique généralement que la mort est un retour à la Mère, au ventre de la Terre. Par conséquent, la mort est aussi une naissance, raison pour laquelle la petite porte par laquelle on accède à l'intérieur des chullpas est orientée vers le soleil levant. Le corps du défunt est considéré comme une graine plantée en terre, un sperme, un être séminal.
Dans les Andes, percevoir la mort comme un retour à la Mère n'est pas la seule façon d'évoquer la naissance à cette nouvelle condition. Curieusement, la mort peut également être un retour au Père, au phallus du Père plutôt qu'au ventre de la Mère. C'est ainsi que certaines tours funéraires, pouvant atteindre parfois douze mètres de hauteur, ont une forme clairement phallique.
Sur la petite péninsule rocheuse de Sillustani qui domine les rives du lac Umayo, nous trouvons sans doute une évocation phallique de la mort parmi les plus éloquentes de la culture aymara. Le site est proche de la ville de Puno, non loin du temple de la fertilité et ses 81 phallus. La toponymie des lieux ne fait d'ailleurs que confirmer le caractère sexuel de ce dispositif funéraire. Ainsi, le nom du lac Umayo est riche de sens. En langue quechua, Umayo peut vouloir dire la "tête" uma du "phallus" uyo ou ullo. C'est une évocation du gland de l'organe masculin. En langue aymara, Umayo signifie en revanche l'"eau" uma du "phallus" allu. Il s'agit d'une métaphore de la semence, du sperme.
Sur la petite péninsule rocheuse de Sillustani qui domine les rives du lac Umayo, nous trouvons sans doute une évocation phallique de la mort parmi les plus éloquentes de la culture aymara. Le site est proche de la ville de Puno, non loin du temple de la fertilité et ses 81 phallus. La toponymie des lieux ne fait d'ailleurs que confirmer le caractère sexuel de ce dispositif funéraire. Ainsi, le nom du lac Umayo est riche de sens. En langue quechua, Umayo peut vouloir dire la "tête" uma du "phallus" uyo ou ullo. C'est une évocation du gland de l'organe masculin. En langue aymara, Umayo signifie en revanche l'"eau" uma du "phallus" allu. Il s'agit d'une métaphore de la semence, du sperme.
Les chullpas de Sillustani sont pourvues d'une petite corniche dans leur partie haute, évoquant sans ambiguïté le gland phallique. Finement ouvragées à l'extérieur, elles comportent quelques figures taillées, comme c'est le cas de la plus célèbre d'entre elles qui fut partiellement détruite par la foudre, la chullpa del lagarto, ou "sépulture du lézard", où apparaît en outre l'image d'un félin, située près de l'entrée.
Regroupés par familles de sept ou huit membres, les morts étaient disposés en cercle, en position fœtale, ce qui indique que le symbolisme féminin n'est pas absent non plus du dispositif. Mais de même que j'évoquais plus haut leur séjour dans le ventre de la Terre-Mère, de même les morts retournent à l'intérieur du phallus leur Père, tels des semences.
L'intérieur de la chullpa était ouvragé de façon plus sommaire, en petites pierres non taillées et mortier. Une vue en coupe proposée par Federico Kauffmann Doig - qui évoqua le caractère phallique de ces monuments dès 1976 (1), suggère l'organe sexuel masculin à l'intérieur de son fourreau, Ceci donne à l'ensemble symbolique un caractère complet, où la mort est en quelque sorte érotisée, reliée à la vie.
Souvenons-nous que sur la côte nord-péruvienne, les mochica avaient coutume de représenter des morts en érection, en train de se masturber, ou encore de faire l'amour aux vivants. Pour les mochica, toutes les formes de copulations non fertiles - homosexuelles, orales, anales ou masturbatoires - étaient reliées au monde du sous-sol. Elles en étaient à la fois un symbole et une opérativité. Cela n'avait rien de péjoratif pour eux et c'était même très ordinaire, car ils supposaient que ces types de rapports sexuels étaient particulièrement productifs dans le monde invisible des coulisses, lequel n'a rien d'infernal, au sens où les chrétiens entendraient ce terme (2).
Nous retrouvons ici la notion pan-andine du monde souterrain ou monde des morts, en tant que monde séminal où dorment des richesses, sources de toutes les germinations, de toutes les semences, de tous les jaillissements de vie. Rien ne naît que des profondeurs et bien entendu, le monde souterrain perçu comme seminarium ou "pépinière", est une symbolique très présente aussi dans la pensée aymara.
Toutefois, ce symbolisme souterrain est complété chez eux par l'évocation, non moins fréquente, de la Voie Lactée (Jacha Laqo) comme réserve céleste des semences ou, pour en parler à la manière de Ficin, seminarium mundi. Les semences apparaissent dans le ciel sous la forme du fleuve étoilé qui en incarne le flux. Ce qui est en-bas étant comme ce qui est en-haut, disent nos hermétistes, il existe donc aussi des semences intellectives et spirituelles qui font écho aux semences d'en-bas et même, les animent, les habitent. Elles représentent un niveau plus subtil des semences, qui sont "générales dans les cieux et particulières dans les êtres créés", assurait l'alchimiste médecin Fernel.
Nous retrouvons ici la notion pan-andine du monde souterrain ou monde des morts, en tant que monde séminal où dorment des richesses, sources de toutes les germinations, de toutes les semences, de tous les jaillissements de vie. Rien ne naît que des profondeurs et bien entendu, le monde souterrain perçu comme seminarium ou "pépinière", est une symbolique très présente aussi dans la pensée aymara.
Toutefois, ce symbolisme souterrain est complété chez eux par l'évocation, non moins fréquente, de la Voie Lactée (Jacha Laqo) comme réserve céleste des semences ou, pour en parler à la manière de Ficin, seminarium mundi. Les semences apparaissent dans le ciel sous la forme du fleuve étoilé qui en incarne le flux. Ce qui est en-bas étant comme ce qui est en-haut, disent nos hermétistes, il existe donc aussi des semences intellectives et spirituelles qui font écho aux semences d'en-bas et même, les animent, les habitent. Elles représentent un niveau plus subtil des semences, qui sont "générales dans les cieux et particulières dans les êtres créés", assurait l'alchimiste médecin Fernel.
Éros et Thanatos étant une association universelle, nous pouvons retrouver un grand nombre d'équivalences de ces symboles chez d'autres peuples de la planète, bien que leurs opérativités fassent l'objet de traitements parfois fort différents, voire si opposés les uns aux autres, qu'une confrontation de ces usages entraînerait nécessairement des diabolisations ou des accusations de dégénérescence et de perversion (3). Ashley Montagu évoque par exemple les pratiques bien connues de spermatophagie masculinisante chez les Koko Yao, ou encore chez les Worki ou les Baruya (4). Moins connus sont leurs usages funéraires. Lorsque meurt un ancien, ils soutiennent que tout comme la semence l'a amené au monde, elle le fera renaître, ce qui occasionne autour de la dépouille du défunt un certain nombre de rites sexuels, que la morale du Livre considérerait sans doute comme des inversions diaboliques. Mais les inversions, nous l'avons vu, ont un rapport avec le monde des morts, tout au moins selon les mochica. Il arrivait que pour vivre leur deuil, les jeunes-hommes mochica disparaissent pendant plusieurs semaines, livrant sans relâche leur corps aux caprices de leurs aînés du même sexe. Anne Marie Hocquenghem a parfaitement mis en lumière la structure symbolique sous-jacente à cette pratique des indiens mochica, liée au sous-sol.
Mais même dans nos propres cultures chrétiennes, le symbolisme que j'évoque est loin d'être méconnu. Le lien entre la mort et la semence est une constante biblique. Il est vrai que la semence, lorsqu'on y songe ( mais y songeons-nous encore au point d'y consacrer une pratique ?), est impressionnante de mystère. Elle suscite chez les peuples premiers un grand trouble, un sentiment d'émerveillement. Sa sacralisation n'a donc rien de surprenant et tout homme digne de ce nom devrait retrouver le sentiment de cette sacralité. Quel père, contemplant ses enfants pleins de vie, n'a jamais songé au grand mystère qui, d'une petite goutte insignifiante de sperme, a produit tant d'éblouissement ? Écoutons comment Saint Justin s'étonne de ce miracle de la Nature, auquel on ne s'habitue pas :
"A tout bien considérer et [en admettant] que nous ne soyons pas dans notre corps et ne le voyions représenté qu'en image, quelle chose pourrait paraître plus incroyable si l'on nous disait que d'une minuscule goutte de sperme humain (τῆς τοῦ ἀνθρωπείου σπέρματος) il est possible que naissent les os, les tendons et les chairs, avec la forme que nous voyons ? Disons-le, en effet, par voie de supposition. Si vous n'étiez pas qui vous êtes et de qui vous êtes et que quelqu'un vous montrât le sperme humain (τὸ σπέρμα τὸ ἀνθρώπειον) et une image peinte d'un homme, en vous affirmant que de celle-ci s'est formée celle-là, le croiriez-vous avant de l'avoir vu naître ? Personne pourtant ne peut le contredire ".
Oublieux de la contribution féminine à ce grand mystère (5), le saint évoque l'énigme de la naissance, pour mieux nous convaincre de celle de la résurrection. Mis en terre, le corps lui-même devient alors une semence :
" Il en va de même du fait que l'on a jamais vu de mort ressusciter et l'incrédulité vous domine maintenant. Pourtant, tout comme au début vous n'auriez pas cru que d'une petite goutte puissent naître de tels êtres, et cependant vous les voyez naître ; ainsi, considérez qu'il n'est pas impossible que les corps humains, après s'être dissous et répandus, tels des spermes dans la terre (σπέρματον εἰς γῆν), ressuscitent en leur temps sur l'ordre de Dieu et se revêtent d'incorruptible. " (Apologie I.19)
Ce thème relève d'un ésotérisme que j'ai largement évoqué dans mon livre sur La Parabole du Semeur, et l'on y retrouve le même dispositif symbolique de l'homme mis en terre à l'image d'une semence. Tous les textes néo-testamentaires sont imprégnés du symbolisme de la graine, de la semence, du sperme. La mort même est un ensemencement. Souvenons-nous de Jean XII:24 : " Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits ". Agrocentrique, la spiritualté aymara se sent ici à son aise.
Mais au-delà du décès du corps, la mort est dans le Nouveau Testament la plus parfaite expression d'une initiation régénérative, "Agriculture Céleste" - nom qu'on donna tantôt à l'Alchimie - où intervient la semence spirituelle et incorruptible du Père : " aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur, puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu "(6), écrit l'apôtre Pierre (1Pe. I:22-23).
Le chapitre XV de la première épître de Saint Paul aux Corinthiens est également chargé d'un riche symbolisme séminal. On y distingue clairement l'invitation à la naissance d'un nouveau corps spirituel. Cette doctrine suppose différentes sortes de spermes : "A chacun des spermes son propre corps", καὶ ἑκάστῳ τῶν σπερμάτων τὸ ἴδιον σῶμα (1 Co. XV:38). Il existe donc aussi une paternité spirituelle (7) qui, par une semence incorruptible, engendre un vêtement de lumière et de vie éternelle. Si, nous dit saint Paul, le corps psychique - et non plus seulement le corps physique, mais toute l'entité psycho-somatique - est semé en Dieu tel un sperme mis en terre, il resurgit corps céleste, corps pneumatique, corps incorruptible, ou encore, selon sa riche terminologie, corps en gloire.
Mais ici s'arrête le parallélisme avec les Andes, car les opérativités liées à l'une ou l'autre de ces cultures sont particulièrement contradictoires et bien souvent, le nectar des unes est pour les autres poison.
Mais ici s'arrête le parallélisme avec les Andes, car les opérativités liées à l'une ou l'autre de ces cultures sont particulièrement contradictoires et bien souvent, le nectar des unes est pour les autres poison.
NOTES :
(1) Cf. El Perú arqueológico, tratado breve sobre el Pérú preincaico, Lima, 1976, Egalement, "Las extraordinarias chullpas de Sillustani" in Revue Pukara, n° 92, La Paz, 2014, p. 9-10.
(2) A ce titre, le décryptage d'Anne Marie Hocquenghem relatif aux représentations érotiques des céramiques de la culture mochica est sans aucun doute le travail universitaire le plus abouti.
(3) Les saints de la Nature n'ont pas l'allure des saints du Livre, même si, eux aussi, cultivent généreusement la discipline des semences. Aux antipodes des spiritualités naturelles, voici par exemple un site de confession juive qui assimile drastiquement la sainteté au fait de ne pas gaspiller la semence humaine par la masturbation. L'éjaculation de la semence et le plaisir ne sont envisageables et licites, d'après les textes traditionnels du judaïsme, que dans le cadre stricte de la reproduction. Toute autre pratique, même dans le contexte marital, rompt le Pacte avec Dieu. C'est ainsi que l'on ne doit jamais jeter la semence, ni en user pour d'autre fin que la génération. Un kabbaliste transfiguristique tel que Aboulafia était littéralement hanté par son péché de masturbation. On remarque que la seule guématrie qu'il produit relativement à la semence est particulièrement négative. La "semence blanche", et donc la semence éjaculée, zérá laban, זרע לבן, vaut 359, qui n'est autre que le Satan שטן. Mais en revanche, n'y voyant que souillure, il ne dit rien de la sainteté que contient la semence, ni de son pouvoir luminescent.
(4) Cf. Hombre, sexo, sociedad, col. Tiempo a Tiempo, Madrid, 1970.
(5) Cela n'a rien d'étonnant au IIème siècle. A l'époque et depuis bien longtemps, on considérait que la femme était une terre accueillant la semence, mais qu'elle en était elle-même dépourvue. Diodore affirme que " les Égyptiens considèrent en général que le père est le seul auteur de la génération et que la mère fournit l'aliment et le lieu au fœtus " (Bibliothèque I:80). Hermès Trismégiste l'assure comme une évidence : " Le père est l'auteur de la procréation " (10:3). Eschyle n'est pas moins catégorique : " Ce n'est pas la mère qui engendre, car elle n'est que la nourrisse du germe semé en elle. Engendre celui qui la féconde " (Les Euménides, 660). “ La cause de ce qui naît est le sperme du mâle “ reprend en chœur Aristote (De la génération des animaux 729b). Et il ajoute " La femelle fournit toujours la matière et le mâle ce qui donne la forme ” (732a, 738b). Le mâle est donc l'esprit, la femelle la matière. Au fond, le rôle de la femme dans la génération était celui d'une "gardienne de la semence", ce que résume d'ailleurs parfaitement l'image de la vierge à l'enfant. Pourtant, il est bien dit dans la Genèse (III:15) que la femme a une semence propre. C'est d'ailleurs avec les kabbalistes, puis par les alchimistes, qu'apparaîtra l'idée d'une semence rouge féminine. Mais pour l'heure, toute la littérature classique semble l'ignorer et le masculin prévaut, même pour saint Justin qui a lu la Genèse, pourtant.
(6) Effectivement, la "Parole de Dieu" est une semence, un sperme incorruptible. "La parole de Dieu", ha-davar Elohim הדבר אלהים a la même valeur numérique (297) que "ton sperme" zérá'ha, זרעך (Deut. XXX:19). Les guématries de la semence nourrissent un abondant faisceau sémantique et je trouve par exemple que "le Messie", ha-Mashia'h המשיח a la même valeur numérique (363) que le "sperme de Dieu", zérá Elohim זרע אלהים. Saint Luc (8:2) ne dit pas autre chose : Semen est verbum Dei, raison pour laquelle "le sperme vient d'en-haut", s'exclame le Sefer ha-Bahir. En kabbale, le "sperme", זרע zérá, a pour valeur numérique 277, tout comme l'”Esprit de Grâce”, Rua'h ha-'Hen רוח החן, tenu "pour source de lumière", lemaor למאור, de valeur identique. S'appuyant sur le verset 11 du Psaume 97 où il est dit que "la lumière est semée", le Zohar (II:167a) assure sans détour que "la semence est lumière". Le tantrisme n'ignore pas, explique James N. Powell (Energy and Eros, éd. William Morrow, 1985), que "la luminosité est l'état naturel et originel de la semence". Et cette "Lumière secrète", sod or, סוד אור vaut de nouveau 277, indiquant ainsi aux aveugles que nous sommes, la piste du lien secret entre la semence et l’auréole de sainte luminosité. Il existe d'ailleurs en grec un rapport mystérieux entre phallós ϕαλλόϛ, “organe de la génération”, phanós ϕανόϛ, “clarté”, “lumière”, “splendeur” et phálos, ϕάλοϛ, le “panache” ou la “crête” du casque. Mais la semence est aussi un sang et un vin : "La semence est le sang des chrétiens" souligne Tertullien (De carne Christi 19:3). Dans l'Antiquité, on considérait que le sperme était une écume du sang, produite par la chaleur pneumatique : “ On appelle consanguins ceux qui sont d'un même sang, c'est-à-dire ceux qui ont été engendrés du sang d'un même père, car la semence du mâle est l'écume du sang ”, écrit doctement saint Isidore (Étymologies 9, 6-4). Saint Clément d'Alexandrie précise : " Ainsi le pneuma, poussé par les artères voisines se mélange au sang qui, tout en maintenant l'intégrité de sa substance, devient blanc en s'échauffant et se transforme en écume de part ce choc [thermique]... Tenant compte de ces faits, qu'y a-t-il d'absurde à penser que le sang, par l'effet du pneuma, se transforme en ce qu'il y a de plus brillant et de plus blanc ? [...] Que nul ne s'étonne si allégoriquement nous appelons lait le sang du Seigneur. Ne dit-on pas aussi qu'il est le vin, par allégorie ? [...] Si en effet nous avons été régénéré dans le Christ, celui qui nous a régénéré nous alimente avec son propre lait, le Logos. Et il est logique que tout géniteur procure son aliment à celui qu'il vient de générer " (Le Pédagogue I:40,45,47,49). Quoi qu'il en soit de ce mystère qu'on ne saurait qu'effleurer sur la place publique, je découvre encore d'innombrables guématries significatives où le "sperme" זרע zérá, devient "vin de lumière", yayin or, יין אור, ou "sang du premier né", dam ha-bé'hor, דם הבכור, qui valent toujours 277. Pour un exposé à peu près complet du symbolisme de la semence dans le monde méditerranéen, Cf. mon livre, La Parabole du Semeur.
(7) Sur la "paternité spirituelle" et le symbolisme de la semence, cf. A. K. Coomaraswamy, "La Paternité spirituelle et le complexe de la marionnette" dans Suis-je le gardien de mon frère ?, éd. Pardès, 1998.
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