L'homme est terre qui pense. Il n'est pas séparé de la terre. Il n'y a pas, chez nous, de séparation entre nature et culture. L'Occident s'imagine res cogitans, face à une nature qui n'est que res cogitata. C'est pourquoi il chosifie la nature, s'en sert comme un objet, ne peut la respecter. Il vit dans la division. Pour l'indigène qui vit sous le regard des montagnes sacrées, la capacité de voir, la vision, est une faculté singulière, un attribut de la vie. L'oeil est représenté sur les monuments, les céramiques, les textiles, l'orfèvrerie à caractère rituel. Ainsi, sur l'obélisque Tello correspondant à la période Chavin et vieux de 4.000 ans, on a sculpté des yeux au soleil, aux plantes, aux escargots. Ceci enseigne que tout ce qui existe partage l'attribut de la vision, tout ce qui existe voit et la pensée de l'homme est la terre qui pense.
Les "yeux de toutes choses" sont représentés sur le dessin cosmogonique de Joan de Santa Cruz Pachacuti Yamqui Salcamaygua. Ymaymana ñawraykunap ñawin, ce que Pachacuti Yamqui traduit par : "yeux de tous les genres de choses", l'un des éléments les plus mystérieux de son schéma cosmogonique.
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